Le thème de notre conférence lors de la journée Portes ouvertes d’automne, le 16 Octobre 2018, était « Cancer et sexualité ». Deux animateurs, le Dr Jean Paul Cléophax, chirurgien oncologue et Alain Charron, pharmacien et sophrologue.
Un après-midi plein d’émotion, pour voir s’il est possible de réconcilier deux sujets tabous, le sexe et la mort, Eros et Thanatos.
Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, en 2002, la santé sexuelle est définie comme « un état de bien-être physique, mental et social ». Elle requiert une approche positive et respectueuse de la sexualité et des relations sexuelles, ainsi que la possibilité d’avoir des expériences sexuelles qui soient sources de plaisir et sans risque, libres de toute coercition, discrimination ou violence. »
Au quotidien, dans la « vraie vie », à l’annonce d’un cancer, la préoccupation première du médecin, comme celle du malade, est de guérir. Au fil des traitements, c’est aussi de conserver une qualité de vie en rapport avec celle « d’avant ».
Pourtant en termes de sexualité, des obstacles sont à franchir… surtout quand on réfléchit que le premier organe sexuel est…le cerveau.
Beaucoup de peurs surgissent, dans ce cerveau, pour la femme ; la peur de se montrer nue et ne plus être désirable, tant le corps est malmené par des traitements ou que des cicatrices encore récentes ne viennent transformer le corps. Une perte de confiance en soi, une perte d’estime de soi… je ne m’aime plus, je me cache, comment peut-il m’aimer ?…C’est aussi la « peur en retour », chercher dans le regard de l’Autre, une émotion, une pitié, un rejet…
Pour celui qui partage sa vie, c’est la peur de faire mal, celle d’un regard différent, mais aussi ne pas oser toucher ou simplement regarder.
Et du point de vue physique, ce sont les traitements qui provoquent de la fatigue, des douleurs. Ce sont les effets secondaires des traitements qui agissent sur une perte de désir sexuel. Parfois, la baisse de la libido peut aller jusqu’à 2 ou 3 ans après l’arrêt du traitement. Dans notre société de l’immédiateté, cela paraît incongru…
C’est banal, pourtant la perte des cheveux et des sourcils et cils reste une préoccupation jour après jour, tout comme la perte de poids quand elle existe. Suis-je encore désirable ?
Pour la femme, la sècheresse vaginale reste une préoccupation. Pour lutter, il existe en pharmacie des gels aqueux, qui vont aider. Pas de corps gras, pas de gels achetés sur Internet, inutile d’ajouter des difficultés en employant des produits de qualité moindre.
Alors que faire ?
En parler ! à son médecin, à d’autres professionnels de santé, à des bénévoles d’associations, et à celui ou celle qui partage sa vie, à toute personne qui va pouvoir écouter avec empathie, partager notre émotion sans jugement, avec tendresse, patience, même si le traitement est long.
Parler, échanger, s’apercevoir que l’on n’est pas seul(e).
Pour reprendre confiance en soi, pour réapprendre à s’aimer, la sophrologie est aussi une alliée. Basée sur des exercices respiratoires, des exercices de contraction-décontraction musculaire et l’autosuggestion, la sophrologie s’appuie sur les ressources de chacun pour aboutir à un résultat. Le sophrologue donne une méthode qui peut assurer le succès au bout de 10 à 12 séances environ. La sophrologie s’adapte à chacun, semaine après semaine, en toute discrétion. Elle ne se substitue jamais au traitement médical ou au suivi du psychologue.
Favoriser ce côté émotionnel, échange, surtout avec son compagnon ou sa compagne, mais ne rien attendre de la chimie, de la pharmacie. Traitements aphrodisiaques et remèdes miracles restent, dans ce domaine, propos de charlatan ou d’habiles commerciaux.