Quand les mots soignent : l’écriture comme refuge pour les personnes touchées par le cancer

Depuis quelques mois, Une Luciole dans la nuit propose des ateliers d’écriture animés par Céline Roman, biographe hospitalière. Dans ces moments suspendus, les participants renouent avec leurs émotions, libèrent leur parole et redécouvrent la puissance apaisante des mots. Interview.

Fatigue chronique, douleurs persistantes, perte de repères, de sommeil, de confiance en soi, angoisse, solitude… Les effets secondaires liées au traitement du cancer sont nombreux.

Les soins de support pour améliorer la qualité de vie

C’est pour aider les malades à retrouver équilibre et bien-être qu’Une Luciole dans la nuit a développé un large éventail d’ateliers de soins de support.

En effet, un protocole “Bien-être cancer”, élaboré sur mesure avec une équipe pluridisciplinaire de professionnels est proposé aux adhérents de l’association. Il est basé sur : l’écoute active, la sophrologie, la réflexologie plantaire et palmaire, la diététique, la socio-esthétique, l’activité physique adaptée.

Ce protocole personnalisé pour chaque malade complète les traitements médicaux pour limiter les effets secondaires physiques et psychologiques de la maladie. Il est évalué et réajusté chaque trimestre selon les besoins des bénéficiaires.

Des ateliers thématiques (art thérapie, sexualité, retour au travail) et des journées trimestrielles de déconnexion “Re’Source et Vous” complètent le protocole et favorisent la reconstruction personnelle et sociale.

Désormais des ateliers d’écriture aux vertus thérapeutiques animés par Céline Roman viennent enrichir cette offre. Un format encore rare, mais dont les premiers retours sont très positifs.

Une rencontre lumineuse : Céline Roman, biographe hospitalière

« L’écriture fait partie de ma vie, jusque dans mon nom », confie avec un sourire Céline Roman, journaliste de formation devenue biographe hospitalière.

Après vingt ans de presse écrite, elle s’est tournée vers la biographie comme un prolongement naturel de son goût des histoires humaines puis s’est formée à la biographie hospitalière. « Je souhaitais vraiment trouver comment aider les personnes malades. »

C’est par hasard, grâce à un échange sur LinkedIn, qu’elle rencontre Évelyne Barbeau, présidente d’Une Luciole dans la nuit. Très vite, une évidence s’impose : « Tout ce qui touche aux soins de support m’intéresse profondément. »

De cette affinité naît l’idée d’un atelier d’écriture expérimental au sein de l’association.

Un atelier d’écriture en ligne, entre confidence et créativité

Les ateliers, sont proposés en visio tous les mois depuis le mois de juin et réunissent jusqu’à présent un petit groupe de cinq femmes. « Lorsque les traitements sont lourds, se déplacer devient impossible, le format en visio était mieux adapté » rappelle Céline.
Chaque séance dure 1h30.
« J’aime commencer en douceur, en leur demandant d’écrire comment elles se sentent, leur humeur du jour » explique Céline.

Cette mise en mots de l’instant, d’une quinzaine de minutes, agit comme un sas d’entrée : on se pose, on s’écoute, on ouvre une parenthèse de bien-être, pour soi. « C’est vraiment une manière de s’installer dans l’atelier, de laisser venir les mots » précise Céline. Et bien souvent l’écriture ouvre sur l’oralité et libère des échanges.

Ensuite, place à l’écriture guidée, ludique et libératrice. Céline propose plusieurs exercices au choix, inspirés de ses supports créatifs comme par exemple :

• Le portrait chinois (« Si j’étais un livre, un mot, une odeur… »),
• Le questionnaire de Proust,
• Ou encore l’écriture à partir d’images ou de visuels.

Chacune écrit à son rythme, sans obligation de lire à voix haute. Mais souvent, la magie opère : « Il suffit d’une phrase, d’un souvenir partagé, et l’émotion circule. Il y a quelque chose de très fort dans ce lien invisible qui se crée entre elles. »

Les mots qui font du bien

Peu à peu, les barrières tombent, les mots se libèrent.

Certaines participantes ont choisi d’écrire sur leur enfance, d’autres sur des souvenirs, des rencontres, ou des objets chers. Il n’y a aucune obligation, aucune contrainte. C’est une parenthèse de liberté et de bienveillance.

« C’est un espace à elles, un rendez-vous avec elles-mêmes », raconte Céline.

L’atelier se termine sur un moment de gratitude de quinze minutes, un remerciement, un rituel simple mais profondément apaisant.

« Elles en ressortent apaisées, stimulées. L’écriture agit comme une béquille pour continuer d’avancer. »

Vers un projet d’écriture personnelle

Au fil des séances, Céline a perçu chez chacune des participantes un véritable désir d’aller plus loin. « Elles avaient toutes envie d’écrire leur histoire, mais n’osaient pas se lancer », explique-t-elle.
Pour les accompagner, elle leur a proposé de commencer un récit personnel, en revenant sur leurs premiers souvenirs. L’écriture s’est ouverte sur l’enfance, guidée par des photographies retrouvées.

Céline relira leurs écrits en respectant la voix et le style de chacune : « Mon rôle, c’est d’aider à structurer, pas à corriger. L’idée est que leur récit leur ressemble, dans toute son authenticité. »

Ces récits individuels, encore en cours, forment un chemin de reconstruction intime, où chaque participante se réapproprie son histoire à son rythme.

Une expérience à essaimer

Ces ateliers, menés comme un projet test, ont prouvé toute leur pertinence.

« On se rend compte que l’écriture a des vertus thérapeutiques indéniables », conclut Céline.

Un pas de plus vers une approche globale du soin, où le mot devient remède et la plume, instrument de reconstruction.

Pour découvrir les bienfaits des ateliers d’écriture, consultez notre agenda en ligne.
Contactez-nous dès maintenant pour réserver votre place et prendre soin de vous.
Ces moments de détente et de bien-être sont ouverts aux adhérents et leurs proches.
Ensemble, nous pouvons mieux vivre pendant et après un cancer !