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Le dépistage du cancer du poumon : un enjeu de santé publique

En France, le cancer du poumon, responsable de plus de 30 000 décès chaque année, ne fait toujours pas l’objet d’un dépistage organisé. Contrairement à d’autres pays, aucun programme national n’existe encore. Malgré des preuves solides sur l’efficacité du scanner à faible dose pour détecter précocement la maladie et améliorer la survie, la France tarde à agir. Quels sont les enjeux, les avancées internationales et les freins à la mise en place d’un dépistage efficace à l’heure où le programme pilote IMPULSION de l’Institut National du Cancer amorce un tournant décisif ?

En 2023 en France, 52 777 nouveaux cas de cancer du poumon (33 438 chez les hommes et 19 339 chez les femmes) ont été recensés. C’est aujourd’hui la première cause de mortalité par tumeur maligne, devant les cancers du sein et du côlon. Et pourtant, à la différence de ces derniers, aucun programme de dépistage organisé n’a encore vu le jour pour ce cancer particulièrement meurtrier.

Le dépistage du cancer du poumon, un dépistage qui pourrait tout changer

Le cancer du poumon est sournois. Il progresse souvent sans bruit, sans symptômes marqués, jusqu’à ce qu’il soit trop tard. Résultat : les diagnostics sont posés tardivement, à un stade où les chances de survie s’effondrent. Et pourtant, lorsqu’il est détecté tôt, le taux de survie grimpe jusqu’à 80 %, contre à peine 20 % en moyenne aujourd’hui.

La méthode pour le dépister précocément existe : le scanner thoracique à faible dose (CTLD) permet de repérer les lésions précoces chez les personnes à risque, notamment les fumeurs ou anciens fumeurs âgés de 50 à 74 ans. Plusieurs pays l’ont adopté depuis longtemps. Les États-Unis, le Royaume-Uni, les Pays-Bas ou encore le Japon ont lancé des campagnes de dépistage à grande échelle, sur la base d’essais cliniques solides comme les études NLST (USA) et NELSON (Europe). Résultat : une baisse significative de la mortalité de 20 à 25% et jusqu’à 33 % chez les femmes.

une luciole dans la nuit IRM

En France, un virage tardif mais attendu

Longtemps, les autorités sanitaires françaises ont considéré que les conditions n’étaient pas réunies : incertitudes sur la balance bénéfices/risques, organisation trop complexe, risque de surdiagnostic… Mais les lignes commencent enfin à bouger. En 2024, l’Institut National du Cancer a lancé le programme pilote dépistage des cancers du poumon – IMPULSION, une première étape vers une stratégie nationale.

Ce programme vise à tester à partir de 2025, à grande échelle, la faisabilité d’un dépistage organisé sur des populations ciblées (personnes de 50 à 74 ans, fumeurs ou anciens fumeurs récents). Porté par un consortium de 29 partenaires, le projet IMPULSION témoigne d’une mobilisation coordonnée en faveur du dépistage du cancer du poumon. Son déploiement se fera progressivement dans plusieurs régions, en s’adaptant aux spécificités locales et aux organisations en place.
Objectif : affiner les critères d’inclusion, évaluer les modalités d’organisation, anticiper les impacts en termes de ressources médicales et imagistiques. IMPULSION pose les fondations d’un futur programme généralisé, potentiellement dans les 5 à 10 prochaines années.

Les obstacles au dépistage organisé du cancer du poumon

Cependant la mise en place d’un dépistage organisé se heurte à plusieurs défis :

  • Identifier précisément les personnes à risque, souvent peu connectées au système de soins
  • Garantir un accès équitable au scanner à faible dose, sur l’ensemble du territoire
  • Limiter les effets indésirables, comme les faux positifs ou les découvertes fortuites
  • Offrir un accompagnement global : information, soutien au sevrage tabagique, suivi personnalisé…

Agir sans attendre

En attendant la généralisation du dépistage, les professionnels de santé ont un rôle crucial à jouer. Sensibiliser, informer, orienter les personnes à risque vers des centres de surveillance spécialisés — comme ceux de l’Institut Gustave Roussy —, c’est déjà faire œuvre de prévention.

Chez Une Luciole dans la nuit, nous croyons fermement à l’importance d’un diagnostic précoce. Parce qu’un cancer détecté à temps, c’est une chance réelle de guérison, de rémission, de vie.

*Sources :
*Dépistage du cancer du poumon : le retard français, publié le 12 janvier 2025 par Franck Clarot, Frédéric Villeneuve et Daphnée Montay : https://www.fmfpro.org/depistage-du-cancer-du-poumon-le-retard-francais/
*Institut National du cancer : https://www.cancer.fr/presse/depistage-des-cancers-du-poumon-l-institut-national-du-cancer-annonce-le-projet-laureat-du-programme-pilote