« Les médicaments ? À bon escient ! »

Une autre catastrophe planétaire sournoise, la résistance aux antibiotiques !

Depuis moins d’une centaine d’années, les antibiotiques ont soigné les maladies infectieuses et aidé à faire progresser la médecine. N’oublions pas que l’arrivée des antibiotiques date de 1928, et que leur utilisation est faite à grande-trop grande-échelle, depuis 1945.

Grace à eux, des maladies qui terrorisaient nos grands-parents ou arrières grands-parents sont aujourd’hui encore marginales, voire juste sujets de romans.

En matière de traitement des cancers, les patients peuvent bénéficier de chimiothérapies puissantes, parce qu’ils sont protégés des infections auxquelles les cures les exposent. La puissance des ces chimios détruit les défenses de l’organisme, et sans ces défenses, c’est un « régal » pour les bactéries.

Les antibiotiques agissent sur les bactéries, et elles seules. Nulle action sur les virus, pas d’utilité sur le HIV, le virus de la grippe et tant d’autres.

Malheureusement, ce progrès a été mal utilisé, sans retenue, pas forcément à bon escient, et les bactéries se sont adaptées, sont devenues plus résistantes. A tel point que certaines ne sont plus sensibles aux antibiotiques les plus puissants. Ce n’est pas seulement en médecine que la planète les utilise, mais aussi en agroalimentaire et en médecine vétérinaire, pour protéger les élevages et ainsi favoriser la croissance du bétail, et augmenter le rendement. Cette pratique d’élevage est aujourd’hui interdite en France, mais les bactéries résistantes ne s’arrêtent pas, elles non plus, aux frontières.

Catastrophe ! Le retour à un monde sans antibiotiques se précise ; sans une prise en compte sérieuse, c’est un retour en force de la typhoïde, de la tuberculose, de beaucoup de MST, de pneumonies, l’arrêt des greffes, d’interventions chirurgicales audacieuses, un délitement des conditions sanitaires.

Pays riches ou pays pauvres, même combat ! Que l’on ait accès ou pas ou pas assez aux antibiotiques, même les plus puissants, en quantité suffisante, partout la résistance bactérienne galope. Et nous voyageons de plus en plus, rapportant dans nos intestins des bactéries résistantes.

Fléau moins médiatisé, mais tout aussi préoccupant, que le dérèglement climatique, qui pourtant nous guette tous, aussi, la résistance bactérienne nous menace tous au XXIème siècle, dans les prochaines années.

Pour information, ce ne sont pas moins de 25 000 morts en Europe, et presque autant aux Etats-Unis, chaque année, liés aux résistances bactériennes. Les chiffres grimpent, année après année. Trop d’antibios, pas assez, non adapté à la bactérie, pas sur une durée suffisante…

En Europe, les Français font partie des plus gros consommateurs, loin derrière les pays du Nord, au niveau sanitaire pourtant excellent.

Ce n’est pas la pénurie qui nous menace, mais l’inefficacité. Certes, l’Industrie Pharmaceutique mondiale travaille d’arrache-pied pour trouver des produits innovants, mais n’est-ce pas trop tard ? Qui va vraiment gagner le match ? C’est préoccupant…

Les établissements de santé, les professionnels sont tous sensibilisés, suivis, contrôlés de façon sévère sur leurs pratiques et le suivi des consommations.

Mais chacun d’entre nous à sa part de responsabilité. Soyons vigilants à ne pas utiliser les antibiotiques pour soigner un rhume, un mal de gorge, une grippe, une diarrhée… c’est pourtant, en 2019, une pratique, hélas, encore trop courante…et souvent inadaptée, dont nous ne mesurons pas les conséquences à court terme.

Sans avis médical strict, utilisons les antibiotiques prescrits et eux seuls, le temps prévu et ne l’arrêtons pas dès que « ça va mieux ». Jamais d’automédication d’antibiotiques !

Ne réclamons pas d’antibiotiques aux prescripteurs et/ou aux pharmaciens, c’est notre survie qui se joue là aussi.

Le slogan « les antibiotiques, c’est pas automatique » tombe un peu dans l’oubli. Quel dommage ! Une nouvelle campagne est mise en place en novembre 2018 à l’occasion de la semaine sécurité des patients, son objectif informer sans alarmer : «Ils sont précieux, utilisons-les mieux». L’ARS Ile de France a axé son information sur cette question à lors de la dernière semaine de la sécurité des patients en novembre 2018.

Pour aller plus loin, un livre : Antibiotiques, l’overdose ! du Pr Antoine Andremont avec Stéphan Muller, chez Bayard…

Paru en 2017…ça fait froid dans le dos… et pourtant peu de réels progrès .

Merci à Alain CHARRON, administrateur, pharmacien hospitalier, sophrologue et formateur.