Marie Essonghe a 25 ans, animée, déterminée, remplie de force, elle revient, sur son expérience de service civique depuis juin 2021 au sein de l’association.
Marie Essonghe est étudiante en management de programmes internationaux – humanitaire et développement – à l’IRIS Sup’ (Institut de relations internationales et stratégiques) à Paris. Dans le cadre de son Master, elle a choisi d’effectuer son expérience professionnelle sous la forme d’un service civique pour une cause qui lui tient à cœur : le cancer. Arrivée en juin 2021, elle vient de passer huit mois auprès de l’équipe et des bénévoles de l’association avec pour mission la prévention et la sensibilisation au cancer auprès des jeunes (de la primaire à l’université) sur le territoire d’Epinay-sur-Seine. Nous avons souhaité partager, avec elle, ses impressions sur cette expérience.
Une Luciole : Marie, dans quelques jours, tu termines ton service civique au sein de l’association, peux-tu nous dire comment à 25 ans on choisit de s’engager pour une cause comme le cancer ?
Marie : J’ai effectué une première partie de mes études à Cotonou au Bénin et après un Master 1 en commerce international je décide de changer de voie. Je me rends donc à Paris pour intégrer le Master Manager de Programmes internationaux de l’IRIS Sup’. Pour mon expérience professionnelle, je voulais me rendre utile pour une association qui œuvre pour les malades du cancer, c’était très clair dans ma tête. J’ai alors répondu à l’annonce d’Une Luciole dans la nuit.
Vous savez le cancer est inscrit dans mon parcours personnel. En 2019 ma maman est malheureusement décédée d’un cancer du sein, diagnostiqué en 2012. C’est parce que je l’ai accompagnée durant son parcours de soins que je veux œuvrer aujourd’hui pour les malades du cancer et les aidants car je sais ce qu’ils ressentent. Cette expérience à l’association c’était ma façon de lui rendre hommage.
Aussi, ce choix est d’ordre professionnel. J’aimerais en effet me spécialiser dans la santé internationale, ce qui me permet d’étudier les systèmes de santé dans leur ensemble. Cette expérience à l’association m’a permis de comprendre comment sont pris en charge les malades du cancer en France.
Une Luciole : Peux-tu nous expliquer quelle a été ta mission à la Luciole et comment tu l’as vécue ?
Marie : Ma mission pour Une Luciole dans la nuit avait pour objectif de permettre une meilleure information, sensibilisation et prévention du cancer à destination des scolaires sur la ville d’Epinay-sur-Seine. L’enjeu est de lever les tabous et la crainte qui entourent le mot « cancer », le démystifier.
Je devais donc nouer des contacts avec les établissements scolaires du secteur et leur proposer des actions de sensibilisation qu’il a fallu développer, organiser et co-animer. J’ai contacté tous les collèges du secteur par la médecine scolaire, et pour cette première campagne deux collèges nous ont ouverts leurs portes (les collèges Roger Martin du Gard et Évariste Galois dont je remercie les enseignants, infirmiers et principaux) nous permettant de faire passer des messages auprès de 200 élèves (deux classes de 6ème, quatre classes de 5ème et deux classes de 4ème ).
Avec Vanessa, la diététicienne-nutritionniste de l’association, nous avons imaginé des ateliers interactifs pour les collégiens afin de montrer qu’une bonne hygiène de vie peut permettre d’éviter les maladies et notamment les cancers. Cibler un public jeune n’est pas un hasard, cela permet de sensibiliser tôt sur la thématique du cancer et d’installer des bonnes habitudes. Pour mémoire, 40% des cancers sont dits évitables, ces jeunes sont les adultes de demain.
Au cours de ces ateliers, nous avons eu plusieurs approches. Nous les avons fait travailler sur les boissons sucrées pour déterminer le niveau de sucre et les risques de maladies encourues et avons terminé sur une dégustation d’eau. Nous les avons fait également compléter l’acrostiche du mot cancer ce qui nous a permis de balayer et d’expliquer le vocabulaire lié à cette maladie et à ses soins.
En fait, les ateliers sont un prétexte pour ouvrir au dialogue et à l’échange et faire passer des messages. Les collégiens étaient très intéressés, très attentifs. Ils ont posé beaucoup de questions.
Le moment le plus fort pour moi reste le concours du ruban rose. Nous avons demandé aux collégiens de produire des dessins, des collages pour les malades du cancer. Le concours permettait de gagner des entrées à la piscine Le Canyon et à la salle d’escalade ClimbUp d’Epinay-sur-Seine, partenaires de ces actions (que je remercie pour leur implication par la même occasion).
Les échanges ont été très forts à ce moment-là, certains collégiens ont réussi à s’ouvrir à nous et aborder la maladie d’un proche et comment ils se sentaient pendant cette période. J’y ai vraiment pris beaucoup de plaisir car j’ai senti que notre action servait à quelque chose, qu’elle avait du sens. Franchement, j’aimerais pouvoir recroiser ces collégiens dans quelques années et qu’ils me disent qu’ils ont appliqué ce que nous leur avons transmis. Ce serait une belle réussite !
Une Luciole : Qu’est-ce que t’a apporté cette expérience, en quoi elle t’a construite ou faite progresser ?
Marie : Avant mon expérience à Une Luciole dans la nuit, j’avais dans l’idée de monter une association d’aide aux malades du cancer et leurs aidants. Cette expérience m’a définitivement convaincue. Je sais que je veux travailler au sein d’une ONG, ou d’une organisation caritative ayant cet objectif. Mon rêve dans plusieurs années, ce serait de pouvoir créer « Une Luciole dans la nuit » au Gabon, d’où je suis originaire, pour prendre en charge les malades et leurs familles. Ils en ont tellement besoin et je veux être là pour eux.
A la fin de notre échange Marie tient à formuler des remerciements à Evelyne Barbeau et Maryse Edmond de l’avoir acceptée dans l’association, ainsi que tous les bénévoles, adhérents et partenaires qui ont cru au projet. Elle tient à remercier, également, Hanane Aziz du Collège Évariste Galois ainsi Marion Le Nay et Marie-Thérèse Sehili, les infirmières du Collège Roger Martin du Gard. Un remerciement à Vanessa Mastromarino et Sila qui ont été présentes lors des interventions.
Elle conclut notre discussion par une pensée pour Patricia, qui nous a quittés, et qu’elle est très heureuse d’avoir rencontrée.